Pendant ce temps là en Belgique... épisode 2

Publié le par Signes

(mea culpa pour le retard)
[Précédemment dans Pendant ce temps là en Belgique Prélude et épisode 1]


La situation actuelle en Belgique est aussi causée par les problèmes d'une vie politique compliquée.

En effet la Belgique est divisée en trois forces politiques majeures : les socialistes, les libéraux et les démocrates-chrétiens (ou sociaux-chrétiens). Historiquement, les socialistes sont (évidemment ?) de gauche * économiquement et sur les questions de société, pour le reste il est difficile de dire qui est le plus à droite et le plus au centre : les démocrates-chrétiens sont conservateurs en ce qui concerne la société mais à mi-chemin entre les deux autres camps sur l'économie, les libéraux sont eux libéraux en tout point. D'où des alliances différentes sur tout les sujets : socialistes+chrétiens ou libéraux +chrétiens sur l'économie, socialistes+libéraux sur les droits et libertés.

C'est déjà très compliqué comme cela mais pour en rajouter le système de formation de gouvernement est semblable à celui en France sous la IVème République, avec des élections législatives à la proportionnelle intégrale en un tour ; aucun des trois partis n'a la majorité absolue et il est nécessaire de faire des alliances.  Après chaque législatives il faut signer un programme de gouvernement, programme de compromis, d'où aussi des chutes nombreuses de gouvernements. Ainsi la Belgique est un régime de partis, donnant encore plus de poids aux alliances présentées plus haut.

Si on en restait là ce serait trop simple et on ne comprendrait pas l'intérêt de ma première partie sur la création des trois régions. Il est donc fondamental de préciser que chaque parti est séparé en deux. Depuis les années 1970, les trois partis sont scindés en fractions linguistiques, d'où 6 partis :

                        Sans-titre.GIF

On retrouve autour de ces grandes composantes de la vie politique belge, d'autres mouvements plus petits, comme le Front Démocrate des Francophones à Bruxelles-capitale proche du MR, ou le NVA qui sont des autonomistes alliés récemment au CDV pour les dernières législatives et qui est issu de la Volksunie (ancien parti d'autonomistes flamands qui pour certains ont rejoint l'extrême droite, d'autres des autonomistes de gauche ou le NVA bien sûr). 

Aujourd'hui, en Wallonie le MR est libéral-conservateur, moins à droite que l'UMP, il ressemble à l'UDF d'avant la création de l'UMP. Le CdH ressemble au Modem, un truc "ni droite ni gauche", il se revendique du centre d'ailleurs dans son nom, et au passage je peux dire qu'il est en déclin... (même s'il a eu plus de sièges qu'avant aux dernières élections). L'extrême droite est très faible (ça s'appelle le FN comme en France). En Flandre, les chrétiens du CDV sont bcp plus forts qu'en Wallonie. Ils se sont alliés aux autonomistes (NVA) pour les élections, du coup, ils sont plus à droite que le CdH, avec une palette politique du centre-gauche à l'équivalent de Villiers. L'extrême droite est très forte avec le Vlaams Belang (ex-Vlaams Block, interdit pout thèses racistes). Des deux côtés, il y a en plus des écologistes (ECOLO : Ecologistes Confédérés pour l'Organisation de Luttes Originales au sud, et Groen! au nord) qui avaient beaucoup reculé en 2004 et qui ont beaucoup remonté en 2007.
Ainsi il faut retenir que la Wallonie a une palette politique plus à gauche que la Flandre (même si droite-gauche en Belgique ça ne veut rien dire, pas comme en France).

Avant de parler des résultats des élections du 10 juin, il faut savoir que depuis 8 ans, une coalition socialistes-libéraux gouvernait (ils ont virés les chrétiens et ont fait des avancées sur l'euthanasie, l'égalité des droits notamment).
Le 10 juin, les socialistes ont beaucoup perdu lors des élections, bien plus que ce que les sondages donnaient (sans doute aussi à cause de la campagne française, très influente dans le sud du pays). Le MR est devenu le 1er parti du sud (alors que la région est détenue par les socialistes, les prochaines régionales sont en 2009). Le CDV est le 1er parti du nord et aussi de Belgique car les Flamands ont plus de siège que les francophones. Traditionnellement, c'est le chef du parti le plus fort qui devient Premier Ministre, soit Yves Leterme (qui porte bien son nom) du CDV.

Tout ceci nous amène à la formation du gouvernement après le 10 juin, et vous pensez bien que c'est pas facile vu les résultats, d'où une idée d'alliance bipartite chrétiens-libéraux appelée l'Orange bleue ; seulement bipartie en Belgique ca signifie quatre partis : CDV-CdH-MR-VLD.

Vous pourrez retrouver l'épisode 3 de nos aventures, non pas de Tintin, mais de la Belgique, en fin de semaine prochaine : "la crise du gouvernement".

*gauche : j'expliquerai ce que cela veut dire pour moi dans quelques temps
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Bonjour et bravo pour vos articles sur la Belgique, avec toutefois un bémol, il m'a semblé que les Ecolos étaient plus existants en réalité que vous semblez le dire. Peut-être pourriez-vous insister sur la dimension chrétienne de certains partis belges, rappelant que ce pays n'est pas comme la France (jusqu'à quand ?)laïc.<br /> Quant à l'aspect gauche et/ou droite, il y a en effet quelque différence entre France et Belgique. Peut-être en lien avec la non-laïcité belge.<br /> En tout cas, merci de cette ouverture sur ce "petit" voisin bien rare chez les français, me semble-t-il.<br /> PG, un "ancien" belge devenu franco-orléanais
Répondre